Les 5 Lauréats 2025 du Global Award for Sustainable Architecture™

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Le Global Award for Sustainable Architecture™ récompense chaque année 5 architectes qui partagent les principes du développement durable et une approche participative et expérimentale du design. Il vise à promouvoir une architecture éthique, innovante et écologiquement responsable, en phase avec les enjeux sociaux contemporains. Ici : Centre de Recherche en Catalyse – TU Munich, de Andrea Gebhard, fondatrice de m• g • k mahl gebhardkonzepte (Allemagne) et lauréate de l’édition 2025. ©Guy Thimel

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Inspiration
Durée de lecture : 10 min 10 min
14/05/2025

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Pour sa 18ᵉ édition, Global Award for Sustainable Architecture™ avait pour thématique « Architecture Is Construction ». Découvrez les 5 lauréats 2025 récompensés à Venise par un jury international le 6 mai dernier.
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Le Global Award for Sustainable ArchitectureTM valorise une approche expérimentale et participative de l’architecture, au Nord comme au Sud de la planète. Les lauréats de cette édition 2025 se distinguent tous par leur vision d’une architecture contemporaine à la fois innovante et écologiquement responsable. Leur travail reflète une réponse audacieuse aux défis éthiques, sociaux et environnementaux actuels, tout en explorant de nouvelles approches dans les domaines de l’énergie, des matériaux et des technologies. 

En synthèse, les 5 lauréats 2025 :
Dr. Salima Naji, anthropologue et architecte (Maroc)
Prof.DR. Hoang Thuc Hao,architecte, fondateur 1+1-2 (Vietnam)
Marie Combette et Daniel Moreno Flores, architectes, fondateurs de La Cabina de la Curiosidad (France et Équateur)
Marie and Keith Zawistowski, architectes, fondateurs de onSITE (France et États-Unis)
Andrea Gebhard, géographe, sociologue, urbaniste et paysagiste, fondatrice de m• g • k mahl gebhardkonzepte (Allemagne)


Dr. Salima Naji, anthropologue et architecte (Maroc)


« L’architecture est une réponse indispensable à l’urgence climatique ou épidémiologique. »

Architecte et anthropologue marocaine, Salima Naji développe depuis plus de 20 ans une approche de la construction profondément ancrée dans les ressources locales, les techniques vernaculaires et les dynamiques communautaires. Elle privilégie des matériaux durables comme la terre, la pierre sèche ou le tataoui (système de couverture traditionnel), intégrés à des dispositifs contemporains comme les structures légères en acier ou les chaînages antisismiques.
Son objectif : réhabiliter plutôt que construire neuf, transmettre les savoirs artisanaux, et renforcer l’autonomie des communautés. En réunissant usagers, artisans, autorités et architectes, elle conçoit des projets sobres, résilients et adaptés aux enjeux environnementaux du sud marocain.

Revitalisation de la Citadelle d’Agadir Oufella – Agadir, Souss-Massa : Projet de réhabilitation d’un site historique majeur, comprenant la consolidation antisismique de la kasbah, la création d’une esplanade d’accueil et de nouveaux bâtiments en matériaux traditionnels améliorés. Une structure en acier légère supporte les plafonds en tataoui. Le projet met en valeur la mémoire du lieu tout en l’ouvrant à un usage contemporain et communautaire. ©David Goeury

Centre d’Interprétation du Patrimoine de Tiznit – Médina de Tiznit : Implanté dans une kasbah réhabilitée, ce centre comprend un théâtre de plein air, des voûtes en pierre sèche et une structure béton/terre. Il est conçu comme un lieu de transmission intergénérationnelle autour du patrimoine local, réunissant culture, architecture et vie communautaire. ©Guy Thimel


Prof. Dr. Hoang Thuc Hao, fondateur de 1+1>2 (Vietnam)


« L’architecture du bonheur est un processus de conception qui vise à apporter de la joie et de la dignité aux communautés défavorisées. »

Architecte vietnamien et fondateur de l’agence 1+1>2, Hoàng Thúc Hào est une figure majeure de l’architecture durable en Asie. Son travail, centré sur les zones rurales et les communautés marginalisées, repose sur une philosophie qu’il nomme « architecture du bonheur ». Elle allie justice sociale, durabilité environnementale et continuité culturelle.
Il mobilise systématiquement des techniques vernaculaires (bambou, bois, feuilles locales, pierre) en les adaptant aux enjeux contemporains (confort thermique, parasismique, résilience climatique), et conçoit chaque projet comme une coopération directe entre architectes, habitants, artisans et chercheurs. À travers des écoles, maisons communautaires ou villages modèles, il démontre qu’il est possible de bâtir avec peu, mais avec sens et impact, notamment en recourant à des technologies respectueuses des valeurs humaines et environnementales (« right tech »).

Maison Communautaire de Cẩm Thanh – Hội An, province de Quảng Nam : Bâtie à partir de matériaux bio-sourcés (guột – feuille végétale, bois, maçonnerie), cette maison utilise des cloisons mobiles pour moduler les espaces selon les usages. Le projet est conçu pour favoriser la ventilation naturelle et intégrer la communauté au cœur de la gestion des lieux. Elle accueille expositions, formations, événements – un outil de résilience écologique et sociale dans une région côtière sensible aux typhons. Crédit : ©1+1>2 Architects

Centre Communautaire Polyvalent de Lam Son – province de Thanh Hóa : Alliant charpente en bambou et béton, ce bâtiment met en scène la résistance structurelle du bambou. Le système de toiture élargie favorise l’ombre et la ventilation naturelle. Conçu avec la population locale, il est un modèle d’architecture hybride, à la fois démonstratif, pédagogique et profondément ancré dans son contexte. Crédit : ©1+1>2 Architects


Marie Combette et Daniel Moreno Flores, fondateurs de La Cabina de la Curiosidad (France et Équateur)


« Nous croyons en une architecture qui naît de la curiosité, de l’observation et du respect des savoirs locaux. »

Marie Combette et Daniel Moreno Flores, fondateurs de La Cabina de la Curiosidad, développent une architecture durable profondément enracinée dans les territoires équatoriens.Leur approche mêle artisanat, ethnographie, design et écologie, avec une attention particulière portée à la gestion des ressources naturelles et à la valorisation des déchets.

À travers des projets participatifs, ils transforment des matériaux locaux et issus du réemploi en structures sensibles et fonctionnelles, en lien étroit avec les savoir-faire et les rythmes de vie des communautés. Leur architecture, à la fois expérimentale et poétique, révèle la beauté de l’environnement naturel et affirme une conscience environnementale forte, contribuant à un développement plus durable des zones rurales et andines.

Hébergement dans une carrière, avec vue sur le volcan Tungurahua – Baños de Agua Santa
Conçu à partir de la roche volcanique extraite du site et de bois locaux, ce projet marie puissance minérale et légèreté structurelle. Les toitures s’ouvrent largement sur le paysage tout en assurant une ventilation naturelle. Le site est pensé comme une immersion dans la nature, transformant une ancienne carrière en lieu d’accueil écologique et contemplatif. ©Bicubik Photography

Centre d’artisanat Chaki Wasi – communauté Shalalá, Cotopaxi
Ce centre accueille des ateliers-boutiques destinés à valoriser l’artisanat indigène. Sa structure en bois suit une trame régulière qui facilite l’auto-construction et la modularité. La toiture protège les espaces de travail tout en laissant pénétrer la lumière naturelle. L’ensemble est conçu comme un outil d’émancipation économique et culturelle pour la communauté locale. ©Oscar Velaso


Marie et Keith Zawistowski, fondateurs de onSITE (France et États-Unis)


« Notre approche pédagogique vise à reconnecter les étudiants avec les matériaux, les techniques de construction traditionnelles et les implications sociales de l’architecture. »

​Marie et Keith Zawistowski, fondateurs du cabinet d’architecture onSITE, incarnent une approche de l’architecture durable qui allie conception, construction et transmission. Leur démarche repose sur l’utilisation de matériaux locaux et biosourcés, des techniques constructives traditionnelles et une implication directe des étudiants et des communautés locales dans les projets, envisagés comme un processus d’apprentissage expérimental continu. 

Cette approche vise à créer des bâtiments à faible impact environnemental, adaptés à leur contexte, tout en formant une nouvelle génération d’architectes conscients des enjeux écologiques et sociaux.

Restaurant scolaire Jean Rostand – Bourgoin-Jallieu : Ce bâtiment de 300 m² est réalisé en pisé, pierre, bois et béton végétal «hempcrete» projeté. Les murs porteurs en terre crue régulent l’humidité et la température, tandis que la pierre naturelle est utilisée pour les zones humides. Le bois local compose la charpente et les menuiseries. Le béton végétal, à base de chanvre, assure l’isolation thermique. Le projet intègre également un toit végétalisé et des systèmes de ventilation double flux, offrant un confort optimal aux usagers tout en minimisant l’empreinte carbone. Crédit: ©Max Verret

Maison (ou)verte rurale – Cenac (France) : Ce projet expérimental explore la construction légère en zones périurbaines. Le sol du site est riche en argile, c’est pourquoi le bâtiment est une construction en bois surélevée au-dessus du terrain grâce à de profondes fondations sur pieux fins. La terre excavée est conservée sur place pour soutenir une terrasse et un accès en pente à la forêt adjacente. De grandes ouvertures favorisent la ventilation naturelle et l’éclairage passif. Le projet constitue un abri minimal qui applique des matériaux de construction traditionnels, simplement transformés, à un contexte contemporain. Crédit : ©Max Verret


Andrea Gebhard, fondatrice de m• g • k mahl gebhardkonzepte (Allemagne)


 « La planification urbaine durable nécessite une approche intégrée qui considère l’environnement, la société et l’économie de manière équilibrée. »

Urbaniste et architecte paysagiste, Andrea Gebhard est la fondatrice du cabinet allemand mahl gebhardkonzepte, au sein duquel elle initie des actions visant à réintroduire durablement la nature dans les environnements urbains. Dès le départ, et à travers une vision systémique des paysages urbains, elle défend une planification intégrant les enjeux écologiques, sociaux et climatiques.
Son approche allie des interventions sensibles aux milieux à des stratégies concrètes : intégration des infrastructures vertes dans les projets urbains, transformation d’anciens sites industriels en paysages écologiquement riches et socialement dynamiques, gestion durable des ressources naturelles (eau, sol, biodiversité), et une vision globale orientée vers des paysages résilients. En tant que présidente de l’Ordre fédéral des architectes allemands, elle plaide également avec force pour une transformation urbaine durable à toutes les échelles.

Parc paysager de Baumkirchen – Munich : Situé sur une ancienne plaque tournante ferroviaire, ce développement urbain borde un grand espace vert central qui fait office de colonne vertébrale environnementale et sociale du quartier. Le projet valorise le passé industriel et met l’accent sur la végétalisation, les continuités écologiques, la limitation de l’imperméabilisation et l’intégration du vivant dans le tissu bâti. ©Marcus Hassler

Centre de Recherche en Catalyse – TU Munich : Ce projet universitaire intègre un jardin intérieur, des plantations diversifiées (pelouses, magnolias) et un sol en caoutchouc coloré. En collaboration avec des artistes, l’espace est pensé comme un lieu de respiration et d’interaction entre sciences, nature et art, avec une attention à l’adaptation climatique et au confort d’usage. ©Marcus Hassler

Les membres du jury 2025 : Présidé par Prof. Dr. Jana Revedin et présidente fondatrice du Global Award for Sustainable Architecture™ :

• Marie-Hélène Contal, architecte, doyenne de l’École Spéciale d’Architecture, Paris, France;
• Dr. Jacopo Galli, architecte, Université Iuav de Venise, Venise, Italie ;
• Prof. Dr. Spela Hudnik, architecte, Université de Ljubljana, Slovénie ;
• Prof. Dr. Deniz Incedayi, architecte, Université des Beaux-Arts Mimar Sinan, Istanbul, Turquie;
• Prof. Dr. Salma Samar Damluji, architecte, Université américaine de Beyrouth, Liban;
• Prof. Dr. Werner Sobek, architecte et ingénieur, Université de Stuttgart, Allemagne.

Pour aller plus loin : https://globalawardforsustainablearchitecture.com/

Crédits photos portraits : Pour Dr. Salima Naji : Agence France Presse Frédérique Prabonnaud / Andrea Gebhard : Laurence Chaperon

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