Vers plus d’adaptation et de résilience : le rôle essentiel des assureurs

Politique et économie
Décryptage
Durée de lecture : 4 min 4 min
15/10/2025

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Les catastrophes naturelles et événements climatiques extrêmes fragilisent la durée de vie de nos bâtiments et infrastructures – et donc leur rentabilité pour les investisseurs qui attendent un retour sur leurs engagements. Face à ces risques croissants, comment s’assurer que les capitaux restent au rendez-vous des chantiers dont les villes et les citoyens ont urgemment besoin ?
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Un risque croissant, une couverture insuffisante

En 2024, les catastrophes naturelles ont généré 368 milliards de dollars de pertes économiques, principalement dues aux cyclones, orages convectifs violents et inondations. Mais seulement 40 % de ces pertes étaient assurées. Ce déficit de protection souligne l’urgence de développer des projets plus résilients et mieux adaptés au climat – seule manière de limiter les risques financiers et humains.

À horizon 2050, 2,2 milliards de personnes supplémentaires vivront en ville, majoritairement en Afrique, Asie et Moyen-Orient. Les besoins en infrastructures (routes, ponts, réseaux…) sont colossaux : 94 000 milliards de dollars d’investissements à mobiliser entre 2017 et 2040.
( Source : le Global Infrastructure Hub )

L’assurance comme moteur de résilience

Les investisseurs – qu’il s’agisse de fonds immobiliers, d’infrastructures ou d’institutionnels – intègrent désormais la résilience climatique dans leur gestion du risque. Pour eux, renforcer la protection physique d’un actif, c’est aussi protéger sa valeur à long terme.

Le moment le plus rentable pour agir reste la phase de construction : les études démontrent qu’un dollar investi dans la résilience peut générer entre 4 et 16 dollars de bénéfices. Ces gains se traduisent par moins de victimes, moins de dommages matériels, moins d’interruptions d’activité et une baisse des coûts d’assurance.

Le centre de congrès Te Pae Christchurch est hautement résistant aux séismes, conservant son intégrité structurelle et sa forme même en cas de séisme extrême. Sa conception reflète une évolution générationnelle dans la compréhension du comportement des séismes et de la résilience des bâtiments. Elle intègre les connaissances acquises lors des séismes de Canterbury en 2010 et 2011 afin de créer des bâtiments plus résistants et plus fonctionnels.

Nouvelle-Zélande : un laboratoire grandeur nature

Entre septembre 2010 et la fin 2011, quatre grands tremblements de terre et plus de 11 200 répliques, connus collectivement sous le nom de séquence sismique de Canterbury (Nouvelle-Zélande), ont secoué la région jusqu’à son cœur, faisant 185 morts, plusieurs milliers de blessés et causant des dégâts considérables. Ce terrible épisode a révélé le rôle moteur des assureurs en matière de résilience puisqu’il est devenu  le plus grand sinistre assuré de l’histoire de la Nouvelle-Zélande a mis en évidence la vulnérabilité des infrastructures dites « linéaires » (routes, réseaux d’eaux, systèmes de gestion des rivières) face aux catastrophes naturelles. À la suite de ces tremblements de terre, les autorités locales n’ont eu d’autre choix que de réexaminer leur approche de la gestion des risques liés aux catastrophes naturelles.

Investir autrement : la logique du transfert de risqueLe transfert de risque est une technique de gestion consistant à faire assumer par un tiers les conséquences financières d’un risque. Dans ce modèle, l’assurance devient un levier stratégique : elle ne se contente pas d’indemniser après coup, elle incite les acteurs à intégrer la résilience dès la conception.

Une approche innovante a alors été développée : les experts d’Aon ont exploité la modélisation des catastrophes et les connaissances en ingénierie afin de mieux comprendre la vulnérabilité de ces infrastructures face aux catastrophes naturelles. 

Cette approche a permis d’identifier des moyens de protéger ces actifs auparavant inassurables pour les rendre plus résilients, ainsi que des solutions de transfert de risques pour gérer les risques qui ne peuvent être ni maîtrisés ni conservés. 

Résultat : depuis 2012, malgré le durcissement du marché de la (ré)assurance, 85 % des autorités locales y participent. Ce programme a permis :

  • une meilleure compréhension des risques grâce à la donnée,
  • une résilience accrue par la planification,
  • un accès pérenne à un capital d’assurance abordable.
Christchurch, Nouvelle-Zélande : cathédrale en carton avec une façade triangulaire en vitrail et une structure en A, construite après le tremblement de terre de 2011. Le carton est un matériau bien adapté aux zones sismiques, car il peut résister à des tremblements de terre qui pourraient détruire des structures plus lourdes construites en béton. De plus, il se prête facilement au démontage et au remontage.

Ce décryptage a été réalisé en partenariat éditorial avec les experts d’Aon, société mondiale de services professionnels.

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