1. En dépit de sa réputation de ville non durable, Phœnix se situe au 43e rang du classement SDG Index des 100 plus grandes villes américaines en termes de développement durable. Pour quelles raisons pensez-vous que votre ville a la capacité de devenir un modèle d’adaptation au changement climatique ?
Kate Gallego : Phœnix regroupe des résidents, des organismes communautaires et des entreprises qui s’identifient à l’environnement du désert de Sonora et entendent contribuer aux solutions visant à le protéger. Qu’il s’agisse de voter en faveur de notre plan de développement — faire de Phœnix la ville la plus durable de la planète en milieu désertique —, ou de préserver les ressources en eau, notre cité a la chance de pouvoir compter sur ce puissant réseau d’acteurs du changement déterminés à innover pour un avenir meilleur. Cet état d’esprit fait partie de son héritage, légué par les premiers fondateurs, des tribus indigènes. Elles ont su trouver des solutions pour combattre la sécheresse, comme creuser des canaux qui ont fait fleurir le désert, et inventer des outils pour prospérer dans la touffeur de l’été. De quoi nous permettre de continuer à vivre ici pour les décennies à venir. L’adaptation est dans notre sang et les Phœnixois sont toujours ouverts aux idées neuves qui feront de nous une ville plus résiliente et à la recherche de solutions.
2. Phœnix ambitionne de devenir la plus durable des villes américaines situées en milieu désertique. En quoi les derniers records de chaleur ont-ils monté la barre à cet égard et quelles ont été les orientations prises depuis ?
K. G. : Même si nous sommes habitués aux étés chauds dans la Vallée du Soleil, l’été dernier a sans conteste été particulier. Notamment parce que nous n’avons connu aucun répit pendant les soirées et que les périodes consécutives de températures élevées ont été très longues. Sans aller jusqu’à dire qu’il a rendu notre objectif plus difficile à atteindre, il en a révélé l’urgence et la pertinence, montrant le rôle crucial de notre travail. En résumé, nous devons accélérer la mise en œuvre des plans de réduction des émissions de GES, non seulement à Phœnix mais partout dans le monde, et traiter la chaleur extrême comme une priorité mondiale. J’ai encouragé l’administration Biden à l’ajouter à la liste des catastrophes au titre desquelles, selon la Federal Emergency Management Administration (FEMA), les communautés pourront obtenir le déblocage de fonds fédéraux afin de sauver des vies. À l’instar de nombreuses villes de la côte Est lors des ouragans ou des grandes tempêtes d’hiver.
Se préparer à l'été prochainLes préparatifs vont bon train en prévision de l'été 2024. La ville investit dans des solutions permettant de mettre à l’abri les plus fragiles et encourage les résidents à bénéficier des programmes gouvernementaux destinés à protéger leur maison contre les intempéries, réduire leurs factures d'électricité et diminuer la pression sur le réseau électrique. Les efforts portent également sur la plantation accrue d'arbres en zones à circulation intense, l’installation de structures d'ombrage et l’atténuation des îlots de chaleur urbains, grâce à des matériaux alternatifs tel le cool pavement, un revêtement de couleur claire qui rafraîchit plus rapidement les rues pendant la nuit que l’asphalte traditionnel.
Nous devons accélérer la mise en œuvre des plans de réduction des émissions de GES, non seulement à Phœnix mais partout dans le monde, et traiter la chaleur extrême comme une priorité mondiale.
3. En 2021, vous avez créé le premier Bureau d’intervention et d’atténuation de la chaleur. Quels enseignements tirez-vous de ce « guichet unique » qui comprend à la fois des mesures d’urgence et des engagements à long terme ?
K. G. : Quand on gouverne, les effectifs traduisent la politique menée. La manière dont on décide d’affecter le personnel a un impact énorme sur les résultats obtenus et le niveau de priorité accordé à un problème. Concernant la lutte contre la chaleur, nous étions confrontés à un déficit de gouvernance et ne savions pas clairement qui en avait la charge. Même si de nombreux services étaient impliqués dans sa stratégie – y compris la gestion des urgences, la planification et le développement, les services sociaux… –, la responsabilité ne relevait pas d’un seul service et le personnel cumulait ces problématiques avec d’autres priorités. Nous avions besoin d’un bureau permanent pour nous concentrer à plein temps sur la chaleur et servir de catalyseur d’idées émanant des résidents et des employés de la ville. Le Bureau d’intervention et d’atténuation de la chaleur travaille de manière transversale avec des partenaires externes pour donner à ces idées les moyens et les suivis appropriés. Sa création a été cruciale pour consolider cette priorité — le problème de la chaleur extrême nécessite une approche coordonnée — d’un point de vue opérationnel.
Le Bureau d’intervention et d’atténuation de la chaleur travaille de manière transversale avec des partenaires externes pour donner à ces idées les moyens et les suivis appropriés.
4. En quoi consistent les projets actuels ou à venir promouvant la durabilité et l’efficacité énergétique à Phœnix, notamment les « Lignes directrices pour un désert soutenable » adoptées à l’unanimité par la municipalité en 2023 ?
K. G. : Si Phœnix possède un héritage exceptionnel en matière de gestion raisonnée de l’eau, les défis simultanés de l’aridification à long terme et de la croissance continue exigeaient que nous en fassions davantage. Ainsi, les “Lignes directrices pour un désert soutenable”, adoptées en 2023, sonnent le début d’un processus d’intégration progressive de la préservation de l’eau à l’essor d’une ville comme la nôtre. Elles devraient se traduire dès 2024 par la modification des textes applicables à tous les nouveaux développements. Ces Lignes directrices prévoient l’application d’un cadre dans les procédures de planification, pour le personnel municipal qui travaille sur de nouveaux programmes résidentiels comme pour les grands utilisateurs d’eau, y compris les sites de production, afin d’anticiper la réduction de leur consommation. Ce cadre fixe plusieurs dispositions destinées à économiser la ressource : réduction des surfaces de gazon au profit de pelouses naturelles privilégiant les végétaux indigènes, arrosage ciblé et efficace, recours aux technologies de refroidissement les plus performantes, restrictions sur la taille des piscines et, pour le résidentiel, respect du label WaterSense de l’EPA ou de critères stricts équivalents en matière de rendement des usages domestiques.
Un modèle à suivreLes Lignes directrices constituent un cadre réglementaire inspiré du travail effectué par la municipalité de Phœnix lors de l’aménagement du quartier résidentiel Verdin. Démonstration y est faite que l’adoption de mesures de préservation de l’eau va de pair avec un site magnifique.
Dans leur ensemble, les maisons de Verdin consomment chaque année 208 000 m3 d’eau de moins qu’un lotissement standard. En outre, le choix d’un cadre paysager naturel typique du climat désertique fera économiser près de 302 000 m3 d’eau par an.
5. Le développement urbain est une cause majeure de l’effet d’îlot de chaleur. Quelles solutions techniques sont actuellement mises en œuvre dans la construction pour lutter contre les fortes chaleurs ? En d’autres termes, quels sont les nouveaux codes de la construction et comment la conception des bâtiments de Phœnix peut-elle être améliorée, alors que la ville s’oriente vers un climat comparable à celui de certaines zones de la péninsule arabique ?
K. G. : Phœnix est une ville relativement nouvelle, un avantage qui nous permet de l’inscrire dans une démarche durable. Elle a connu son premier essor à l’ère de la voiture, et nous travaillons à présent à la mise en place d’un système complet de transports publics comprenant des bus et des trains légers ainsi qu’une infrastructure dédiée aux piétons et aux vélos. Nous avons investi pour tripler notre réseau ferroviaire léger en nous inspirant des dispositions en matière d’accessibilité piétonnière dans le code d’urbanisme. Ce dernier prévoit notamment la couverture de 75 % des trottoirs afin de pouvoir cheminer à l’ombre. Avec l’aide des acteurs du marché, nous créons un centre urbain plus dynamique, où les permis de construire accordés aux maisons unifamiliales sont en baisse de 30 %, au profit de maisons multifamiliales, en hausse de 30 %.
Des fenêtres plus efficacesPartout dans Phœnix, le style architectural typique du Sud-Ouest américain est présent. Sa particularité ? Réduire, par exemple, l’exposition au soleil côtés sud et ouest des bâtiments grâce à l’orientation les fenêtres au nord et à l’est. Pour celles-ci, on utilise également de nouvelles technologies telles que les voiles d’ombrage automatiques et les vitrages électrochromes, qui améliorent l’efficacité énergétique, comme on peut le voir à l’aéroport ou à la bibliothèque centrale.
Mes priorités en matière de développement économique ont notamment consisté à rapprocher les emplois et les services des lieux de vie des habitants. Nous avons analysé différents schémas de transports et cherchons à implanter de nouvelles entreprises afin de diminuer le nombre de véhicules à occupation unique en circulation. L’optique étant de limiter les besoins futurs en routes et autoroutes, qui sont autant de sources de pollution et de chaleur.
Nous sommes continuellement à l’affût de matériaux de construction et de mécanismes de refroidissement innovants tels que le cool pavement dans les rues et les peintures anti-chaleur sur les toits. Le Bureau d’intervention et d’atténuation de la chaleur est d’ailleurs aussi chargé d’initier et de piloter des stratégies adaptées à notre environnement désertique de plus en plus extrême. À l’image du bâti, qu’il faut repenser à long terme pour le rendre plus résilient. C’est un impératif, au plan local, mais c’est également pertinent à l’échelle d’une planète où les habitants devront apprendre à vivre dans un climat plus chaud.
Nous sommes continuellement à l’affût de matériaux de construction et de mécanismes de refroidissement innovants tels que le cool pavement dans les rues et les peintures anti-chaleur sur les toits.
6. Surnommée la Vallée du Soleil, la zone métropolitaine de Phœnix bénéficie d’un ensoleillement exceptionnel. De quels leviers disposez-vous pour engager une transition massive des infrastructures publiques vers l’énergie solaire, comme la municipalité s’y est engagée d’ici à 2030 ?
K. G. : Phœnix reçoit plus d’énergie solaire par habitant que toute autre grande ville, ce qui lui vaut d’être classée parmi les « Solar Superstars » par l’association Environment America. Pour rester en tête, nous avons simplifié notre façon d’examiner les petits projets liés au solaire grâce à Solar App. Cette appli permet à chaque porteur d’évaluer son projet, un gain de temps pour le personnel municipal qui peut ainsi se concentrer sur l’examen de projets plus complexes. Résultat, non seulement notre bassin d’entrepreneurs est passé de 6 à plus de 50, mais le temps d’examen des demandes de particuliers est divisé par deux.
Nos électeurs ont récemment approuvé l’émission d’une obligation (general obligation bond) nous permettant d’investir dans l’énergie solaire. Le moment est idéal, puisque nous bénéficions par ailleurs d’incitations importantes dans le cadre de la loi sur la réduction de l’inflation (IRA), sous la forme d’une aide directe à la ville et aux particuliers souhaitant s’équiper. Mon objectif est de faire de Phœnix l’une des réussites de l’IRA, en donnant la priorité aux projets qui ont une incidence directe sur la baisse des factures énergétiques des habitants, comme par exemple l’installation d’ombrières équipées de panneaux solaires dans les logements sociaux.
Phœnix reçoit plus d'énergie solaire par habitant que toute autre grande ville, ce qui lui vaut d’être classée parmi les « Solar Superstars » par l’association Environment America.
7. Compte tenu de sa situation dans une zone aride, comment Phœnix gère-t-elle ses ressources en eau ? Comment la ville compte-t-elle innover dans ce domaine ?
K. G. : Phœnix a une longue histoire de gestion raisonnée de l’eau et nous avons développé un large éventail de sources d’approvisionnement pour éviter d’être trop dépendants d’une seule. Si cela nous a donné une base solide et résiliente, la sécheresse prolongée dans l’Ouest américain et la surexploitation du fleuve Colorado n’en ont pas moins exigé de la créativité et de l’ingéniosité. Ces efforts sont pour nous une fierté. Phœnix a réduit sa consommation d’eau par habitant de 30 % au cours des trois dernières décennies, tout en voyant sa population augmenter de plus de 400 000 personnes. Et tandis que, dans les années 1970, plus de 80 % des propriétés résidentielles de la ville étaient entourées majoritairement de gazon, ce chiffre chute aujourd’hui sous les 10 %. Nous montrons donc véritablement la voie pour faire plus avec moins, mais sommes loin d’avoir fini ! 2023 a été une grande année en matière de solutions de gestion de l’eau. Au printemps, j’ai annoncé notre projet ambitieux de construire à Phœnix une installation dotée d’une technologie avancée de purification de l’eau qui traitera 226 800 m3 d’eaux usées par jour d’ici la fin de la décennie pour leur redonner la qualité d’eau potable. En parallèle de nos Lignes directrices, nous mettons également en œuvre des programmes d’accompagnement de la population dans les changements de pratiques destinés à économiser de l’eau. L’idée est par exemple d’encourager le remplacement des toilettes et des appareils électroménagers les plus anciens ou l’installation de capteurs pour un arrosage intelligent. Début 2024, nous allons proposer des remises pour inciter les habitants à abandonner leur gazon d’ornement au profit d’espèces xérophiles locales. Nous continuons de chercher des solutions innovantes pour lutter contre le gaspillage quotidien de l’eau.
Un partenariat public-privé prometteurPhœnix s’est associée à des organisations à but non lucratif et à l'industrie pour lancer un programme pilote de détection des fuites d'eau dans l'un des ensembles de logements sociaux appartenant à la ville. Ce partenariat public-privé utilise une technologie de pointe pour détecter et stopper les fuites dans les toilettes, réputées pour être une source de gaspillage d’eau potable, générant ainsi un gain à long terme pour le contribuable. Je suis fière que de plus en plus de partenaires du secteur privé s’associent aux discussions avec la ville pour trouver d’autres moyens de travailler ensemble à la réalisation d’objectifs collectifs de préservation de l’eau.
8. Quelles solutions la municipalité propose-t-elle pour soutenir et protéger spécifiquement les populations les plus vulnérables et leur rendre la vie plus agréable pendant les mois d’été ?
K. G. : Nous déployons une batterie d’outils à l’intention de chaque catégorie de population de Phœnix. Chaque jour, en été, le Bureau des solutions pour les sans-abris et le Bureau d’intervention et d’atténuation de la chaleur mènent des actions de sensibilisation, fournissant des accessoires pour se rafraîchir — bouteilles d’eau, ombrières dépliables, voire « bus rafraîchissants » qui offrent un répit aux plus exposés. Nous consacrons également beaucoup de temps à la sensibilisation des habitants et des visiteurs aux dangers de la randonnée aux heures les plus chaudes de la journée. L’été dernier, en centre-ville, nous avons testé une station de secours, en collaboration avec le Bureau des solutions, pour les sans-abris, Downtown Phœnix Inc., Community Bridges Inc. et la caserne de pompiers de Phœnix. En l’espace de quatre heures, une centaine de personnes y ont reçu de quoi se rafraîchir et des informations, tandis que plusieurs sans-abris étaient installés dans des locaux climatisés. Et, bien sûr, nous travaillons d’arrache-pied afin de développer en ligne des solutions permanentes pour rafraîchir les espaces intérieurs. Ma plus grande priorité pour l’été 2024 est de permettre aux gens de s’abriter au frais et de prévenir les pathologies liées à la chaleur.
9. Comment recueillir et gérer les attentes des citoyens de Phœnix dans la lutte contre le réchauffement climatique ? En dehors du Bureau d’intervention et d’atténuation de la chaleur, existe-t-il d’autres instances de partage et de rencontre ?
K. G. : Fort heureusement, les citoyens de Phœnix sont au fait des réalités du changement climatique. Depuis mon premier mandat, il y a près de dix ans, j’ai constaté un changement significatif dans la manière dont les gens appréhendent ces questions. Les enquêtes d’opinion ont révélé que la plupart d’entre eux considèrent le changement climatique comme un problème sérieux affectant leur communauté. Et un récent sondage mené à l’occasion des élections municipales a classé l’eau comme préoccupation numéro un. J’ai fait campagne sur un programme qui mettait l’accent sur la durabilité et j’ai le sentiment que les électeurs de Phœnix se donnent de plus en plus les moyens d’agir en la matière et entendent montrer la voie. Je suis fière de voir en Phœnix une ville tournée vers l’avenir, où nos objectifs, programmes et idées politiques les plus ambitieux procèdent directement de la participation citoyenne. Nous travaillons régulièrement en conseils et commissions publics, avec les résidents lors des séances du conseil municipal, des audiences publiques sont animées dans toute la ville, des événements organisés dans les bibliothèques… Sans oublier les réunions d’associations de quartier, les mailings par courrier et, bien sûr, Internet.
Je suis fière de voir en Phœnix une ville tournée vers l'avenir, où nos objectifs, programmes et idées politiques les plus ambitieux procèdent directement de la participation citoyenne.
10. En tant que membre du C40, le réseau mondial des maires unis dans l’action pour faire face à la crise climatique, quelle dynamique observez-vous dans le développement de villes plus durables ? Comment travaillez-vous avec vos homologues, les agences fédérales et les comtés afin de lutter contre le changement climatique et d’échanger sur les bonnes pratiques ?
K. G. : Au plan mondial, il existe une véritable adhésion et une réelle volonté politique de lutte contre le changement climatique et ses effets néfastes – en particulier sur les personnes les plus vulnérables. Le C40 a joué un rôle majeur en veillant à ce que les voix des villes se fassent entendre au plus haut niveau lors des négociations sur le climat. Pour la première fois cette année, certaines ont été officiellement intégrées comme parties à la COP28. Aux États-Unis, nous avons la chance d’entretenir des relations solides avec l’administration Biden, qui, en de multiples occasions, a guidé l’élaboration et la mise en œuvre de projets de loi historiques tels que l’Infrastructure Investment and Jobs Act et l’Inflation Reduction Act.
Lorsque je discute avec d’autres maires, nous partageons de nombreuses préoccupations, au premier rang desquelles la chaleur extrême et la mauvaise qualité de l’air. Nous voulons tous construire des villes et des espaces où les familles peuvent s’épanouir et vivre longtemps et en bonne santé. Le changement climatique menace clairement ces objectifs. Mais nous sommes optimistes, car nous savons que, dans le monde entier, des entreprises, des organismes communautaires et des quartiers travaillent pour les atteindre. Ma participation à ce réseau international de maires et de dirigeants a une énorme influence sur la manière dont j’aborde les défis locaux et partage mon expertise.
Nous voulons tous construire des villes et des espaces où les familles peuvent s’épanouir et vivre longtemps et en bonne santé.
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